Loin vers l’infini s’étendent de grands ergs brûlants ; là bas nul oiseau ne chante dans les arbres secs et creux. Au centre de ce néant, comme un pilier d’obsidienne, entre un ciel bas, couleur de plomb fondu et une terre, ocre et sang, aride et stérile, réside une Tour, élancée comme un vaisseau conquérant, perforant les cumulus argentés.
Nulle porte ne perfore sa base, nulle fenêtre ne terni sa noirceur, tel un pieu oublié par quelque gigantesque titan, elle se dresse, immuable, improbable comme un défi au temps.
Echappé du chaos originel, bien avant que les dieux n’apparaissent, il est né, digne fils de l’ordre et du désordre, ni bon ni mauvais mais tout à la fois, assoiffé de connaissance, érudit et patient, méthodique et perfectionniste, enfant du passé, observateur du présent. Le guetteur attend son heure au plus haut de la Tour sombre, étudiant le multivers par le biais de sa pierre de vision.
Il est celui qui n’a pas de Nom. Enfermé volontairement dans un champ de stase temporel, il attend, emmagasinant savoir et connaissance. Parfois, partant du principe que l’expérience amène la connaissance, et peut être pour sortir de la monotonie de son existence, Sans Nom quitte son antre.
Alors il naît à la vie des mortels. Il traverse le portail des dimensions, ombre impalpable, devient pour un temps, une créature du lieu qu’il souhaite investir. Seulement, si son esprit garde le souvenir, tous ses pouvoirs son inaccessibles, son âme est potentiellement immortelle mais il doit vivre avec les attributs que le transfert lui octroie, subissant la loi locale, il n’a qu’une option, s’adapter et évoluer.
Ce Matin près d’une petite ville, un demi elfe est né. Déjà adulte car il ne faut pas trop en faire quand même, il a choisi son nom : Ryhialto. Sa vocation ? Magicien bien sur, comment pourrait il en être autrement ?
Le soleil se lève sur Loryndril, hameau magnifique, perle de rosée dans un écrin verdoyant. La vie s’éveille, il est temps pour le Guetteur de monter sur scène.